Atelier Adugbologe/Makinde
L'atelier de sculpture Adugbologe/Makinde fait référence à une célèbre lignée d'artistes sculpteurs yoruba du Nigeria, réputée pour leur rôle central dans la préservation et la transmission des traditions sculpturales et culturelles de la région.
Contexte culturel
L'atelier familial d'Abeokuta, fondé par Oniyide Adugbologe (vers 1875-1949), le plus éminent sculpteur de sa génération à Abeokuta, constitue un exemple emblématique de la transmission intergénérationnelle du savoir-faire artistique au sein de la tradition yoruba. Au cours de sa vie, Oniyide s'est distingué par la maîtrise et l'innovation dans l'art de la sculpture sur bois, particulièrement prisée pour les rituels religieux et les cérémonies locales.
Ses deux fils, Salakatu Ayo et Makinde, ont perpétué cette tradition en travaillant dans la maison-atelier de leur père, située sous un abri rocheux, symbolisant à la fois un espace de création et de préservation des savoirs ancestraux.
Parmi les autres figures notables de cet atelier se trouvait Shitu (ou Shittu), dont l’œuvre et l’influence sont également reconnues dans le cercle des sculpteurs de l'époque.
Ce collectif d’artistes représente non seulement un témoignage de la continuité artistique au sein de la famille Adugbologe, mais aussi un exemple frappant de la manière dont l'artisanat traditionnel yoruba s'est maintenu et a évolué au fil des décennies, en dépit des changements sociaux et culturels qui ont marqué cette période. produit des sculptures religieuses, culturelles et fonctionnelles pendant plusieurs générations. Leur travail, bien que profondément enraciné dans les pratiques spirituelles traditionnelles, a évolué au fil du temps pour incorporer des influences modernes tout en conservant les symboles et motifs yoruba.
Histoire et influence
L'atelier de la famille Adugbologe remonte au 19e siècle, lorsque des artisans sculpteurs comme Makinde, un membre clé de la famille Adugbologe, ont commencé à acquérir une notoriété. La dynastie d’artistes a été influencée par la demande locale pour des objets cultuels, tels que des masques pour les festivals, des statues pour les sanctuaires, ainsi que des œuvres décoratives pour les rois locaux et les élites. Le travail de l’atelier s’étendait des masques pour les rituels d’Egungun (culte des ancêtres) à des œuvres pour les cultes d’Orisha, où chaque divinité avait ses représentations sculptées.
Style artistique
L’analyse du style familial dominant dans les sculptures de la famille Adùgbòloge offre une perspective essentielle pour comprendre les subtilités artistiques au sein de cette dynastie de sculpteurs. Bien que chaque artiste individuel ait développé son propre vocabulaire esthétique, certains éléments fondamentaux unissent les œuvres de la famille Adùgbòloge et les distinguent des autres sculpteurs yorubas. La proportion, l’angularité, et les formes distinctives dans leurs sculptures constituent des traits unificateurs qui se retrouvent dans toutes leurs créations, même au fil des générations.
Le processus d’apprentissage dans le contexte familial a joué un rôle central dans la transmission de ces caractéristiques stylistiques. L’enseignement des maîtres sculpteurs aux jeunes apprentis a façonné une tradition qui, tout en permettant une certaine individualité, a maintenu une cohésion formelle remarquable. Ce système d’apprentissage, ancré dans le cadre du compound familial, a permis l’émergence d’un style dominant qui se manifeste dans des éléments formels récurrents.
Parmi les traits stylistiques les plus emblématiques, on trouve les têtes larges et sphériques, les nez triangulaires ou marqués par des narines nettement incisées, les yeux convexes et larges, ainsi que des membres courts et des mains disposées en diagonale. Ces sculptures sont souvent couronnées de coiffures touffues et ornementées d’animaux, notamment dans les masques. Ces motifs récurrents confèrent une identité visuelle forte aux œuvres des Adùgbòloge, comme en témoignent les ere Ìbejì réalisés par des sculpteurs tels qu’Ojerinde, Oniyide, Ayoola, Taibu et Rafiu, tous marqués par une prédominance de la tête ronde, élément caractéristique de la sculpture d'Abeokuta, ainsi que l’avait noté Fagg en 1971.
Cependant, il convient de noter que malgré cette unité stylistique générale, certaines individualités, comme Hassan, se démarquent par des approches distinctes. Ses œuvres présentent une variation notable, qui, tout en conservant certaines caractéristiques familiales, se distingue par une originalité propre, témoignant de la richesse et de la diversité interne au sein même de la tradition Adùgbòloge.
Influence coloniale et moderne
Pendant la période coloniale britannique, l'atelier a su s'adapter en intégrant des commandes non seulement des élites locales, mais aussi des administrateurs coloniaux et des collectionneurs étrangers, tout en conservant une base dans les traditions yoruba. Cela a permis à l’atelier de perdurer et de continuer à évoluer. Les Adugbologe ont réussi à naviguer entre la production pour des rites traditionnels et la production pour un marché plus large, y compris l'exportation vers l'Europe.
Héritage
Aujourd'hui, l'atelier Adugbologe est une référence dans l'histoire de la sculpture yoruba. Leur travail est non seulement important sur le plan artistique, mais aussi en tant que témoin culturel des pratiques religieuses et sociales de la région. Les sculptures de l'atelier Adugbologe peuvent être trouvées dans des musées du monde entier, et leur influence perdure dans la formation des générations actuelles de sculpteurs yoruba.
Pour en savoir plus sur le style des Ibeji de la zone Abeokuta c'est ICI
Quelques exemples d'ibeji sculptés par Oniyide Adugbologe lui même :