George Chemeche
IBEJI Le culte des Jumeaux Yoruba
Dans l'étude de l'art Yoruba, la gémellité, symbolisée par les statuettes ere ibeji, occupe une place de premier plan, comme le soulignent de nombreux chercheurs. Ces figures incarnent une diversité saisissante, malgré les conventions formelles de cet art. À travers les innombrables exemples d'*ibeji* trouvés au sein du pays Yoruba, se dessinent des approches multiples, témoignant du génie artistique des sculpteurs qui ont abordé ce thème.
L'art Yoruba se distingue, dans le cadre plus large de la sculpture figurative africaine, par son abondante production et la variété impressionnante des objets conçus à des fins domestiques et rituelles. On pense notamment aux portes et piliers de véranda, aux représentations des divinités du panthéon Yoruba (les orisa), ou encore aux masques de danse des festivals Egungun, Gelede et Epa. Ces œuvres témoignent de l'enracinement profond de l'art dans les pratiques spirituelles et culturelles Yoruba.
La création des figurines ibeji, en particulier, s'inscrit dans une pratique rituelle importante, lorsque des jumeaux décèdent et que les parents cherchent à honorer leur mémoire. Les sculpteurs réalisent alors des représentations en bois, destinées à être placées dans le sanctuaire familial ou auprès du lit maternel. En raison du taux élevé de naissances gémellaires et de mortalité infantile dans la région Yoruba, la production d'*ere ibeji* est significative, offrant une opportunité unique d'explorer la richesse artistique de ces statuettes.
L'historien John Pemberton s'est intéressé à l'évolution des attitudes des Yoruba face aux jumeaux et au culte qui leur est rendu à travers les ibeji. De son côté, John Picton a entrepris une analyse détaillée des qualités esthétiques des figurines ibeji de la région d'Ekiti, dans le nord-est du pays Yoruba. Son travail met en lumière les relations étroites entre jeunes sculpteurs et maîtres chevronnés, ainsi que l'échange des savoirs et des techniques entre artistes locaux. Lamidi O. Fakeye, quant à lui, nous ouvre une fenêtre rare sur l'univers intérieur d'un sculpteur Yoruba, nous permettant ainsi de mieux comprendre les motivations et les inspirations derrière ces œuvres.
Enfin, l'ouvrage dont sont issues ces réflexions présente une collection exceptionnelle de six cents ibeji, provenant de musées et de collections privées du monde entier. Ces statuettes, parmi les plus belles et rares connues à ce jour, sont exposées pour la première fois dans une publication. En outre, une liste des sculpteurs Yoruba y est établie pour la première fois, permettant au lecteur d'apprécier les similitudes stylistiques et d'identifier les œuvres, transformant l'expérience de l'ouvrage en une véritable aventure visuelle. 335 Pages - Textes en Français OU Anglais
A propos des auteurs :
George Chemeche
John Pemberton III
John Picton
Lamidi O. Fakeye
George Chemeche, artiste de renommée internationale, réside à New York depuis 1972 et s'y est éteint le 11 Janvier 2022 à l'age de 89 ans. Son œuvre artistique a traversé les frontières, exposée dans des galeries prestigieuses en Israël, en Europe, au Canada, ainsi qu’aux États-Unis. Son approche créative reflète une sensibilité unique, puisant dans une diversité culturelle riche.
John Pemberton III, éminent professeur de théologie à Amherst College, a consacré plus de deux décennies à l’étude des pratiques religieuses et de l’art Yoruba dans le sud-ouest du Nigeria, entre 1970 et 1992. Ses recherches rigoureuses ont abouti à la co-rédaction de plusieurs ouvrages de référence, dont Yoruba: Nine Centuries of African Art and Thought (1989) et Yoruba Art and Aesthetics (1992), en collaboration avec H.J. Drewal et R. Abiodun. Avec F. Afobayan, il a également co-écrit Yoruba Sacred Kingship: "A Power Like That of the Gods" (1996), une exploration approfondie du pouvoir sacré des rois Yoruba.
John Picton, figure incontournable des études africaines, a débuté sa carrière au service des antiquités du gouvernement nigérian de 1961 à 1970, avant de rejoindre le British Museum, où il a œuvré de 1970 à 1979. Son expertise l'a ensuite conduit à enseigner à la School of Oriental and African Studies de l'Université de Londres, où il s’est distingué par ses travaux sur l’art africain et les cultures matérielles.
Quant à Lamidi O. Fakeye, descendant de la célèbre Maison Inurin à Ila-Orangun, il appartient à une longue lignée de sculpteurs ayant marqué l’histoire de l’art Yoruba aux XIXe et XXe siècles. Ses créations remarquables, commandées pour orner les palais et tribunaux Yoruba, témoignent de son habileté et de son héritage artistique. Parmi ses œuvres les plus notables figurent les piliers de véranda sculptés pour l’Institut des études africaines de l’Université d’Ibadan et les portes majestueuses du Kennedy Center à Washington, symboles de son génie créatif et de sa contribution durable à l’art contemporain Yoruba.Écrivez votre texte ici ...