Susan Allen 1937 - 2025


Le monde de l’art africain a perdu l’une de ses voix les plus passionnées et les plus éclairées.
Susan Allen, collectionneuse renommée et figure respectée de la communauté internationale des amateurs d’art africain, s’est éteinte paisiblement le 3 juin 2025, à l’âge de 88 ans, dans sa maison de Newton, Massachusetts, où elle résidait depuis de longues années.
Susan restera dans les mémoires avant tout pour sa dévotion exceptionnelle aux statuettes ibeji du peuple Yoruba, objets sacrés au cœur d’un des cultes spirituels les plus fascinants d’Afrique de l’Ouest. Au fil des décennies, elle a constitué l’une des collections privées d’ibeji les plus raffinées et les plus admirées. Son regard unique, à la fois sensible, rigoureux et profondément respectueux, a permis de rassembler des pièces d’une qualité et d’une intensité rares. Plusieurs de ses ibeji figurent dans l’ouvrage de référence de George Chemeche, preuve éclatante de l’importance de sa collection.
Pour Susan, ces œuvres n’étaient pas de simples objets d’art. Elles étaient porteuses d’âmes, de récits, de rites et de mémoire. Elle les approchait avec humilité, émerveillement et une volonté sincère de rendre hommage aux cultures qui les ont fait naître. Sa démarche, profondément respectueuse, alliait une curiosité intellectuelle rare à une profonde sensibilité spirituelle.
Présente avec constance aux grands rendez-vous de l’art africain – du Bruneaf à Bruxelles au Parcours des Mondes à Paris – Susan appartenait à ce cercle d’amateurs éclairés et passionnés que l’on retrouvait dans les galeries, les conférences ou autour d’un dîner animé. Elle partageait cette passion avec des collectionneurs et amis proches, toujours avec générosité, discrétion et une joie communicative.
Susan était une femme d’une rare finesse, dont la relation à l’art relevait d’un véritable engagement. Sa maison, patiemment construite au fil des ans, était bien plus qu’un lieu de vie : elle était un sanctuaire dédié à la mémoire, à la beauté et à la transmission.
En rendant hommage à Susan, nous saluons bien plus qu’une collectionneuse : nous honorons une véritable gardienne du patrimoine africain, une femme qui a su élever les ibeji à leur juste place dans l’histoire de l’art, et qui a inspiré autour d’elle l’attention, la curiosité et le respect.
Sa présence nous manquera profondément, mais son héritage, lui, demeure – dans chaque regard qu’elle a su éveiller, dans chaque œuvre qu’elle a préservée, dans chaque émotion qu’elle a su transmettre.